jeudi 14 mai 2015

14 mai / Une lente et progressive évolution



Victor-Hugues, sans pouvoir démêler la raison de ses émotions, parle. L'ordonnance de ses
pensées essaie de faire raisonner ses idées au delà de ses propres capacités.
Il s’enivre littéralement et, comme un habit trop grand, se laisse emporter par des échos inconnus :

"La situation où je me trouve me semble ne me laisser le choix qu'entre deux états, une indolente résiliation et la révolte par les mots.
Je n'aurais songé au premier que pour obtenir la paix de l'esprit, mais la difficulté de se satisfaire d'un esprit au repos dans une démarche épineuse, et surtout la longueur de la démarche studieuse qui mène à l'éveil, il ne faut pas moins de 7 ans pour obtenir d'être reçu en cette faculté, m'en ont promptement détourné. Par la pensée endormie, nous resterions encore trop longtemps sans aller plus avant."
*

– Monsieur Victor-Hugues, le nom glorieux que vous portez ne vous autorise en aucune façon à détourner de façons grossières les discours glorieux de vos aînés. C'est en grande partie pour cela que vous paraissez devant nous.
Victor-Hugues ne se doutant pas le moins du monde qu'il amenait farine mal dégrossie au moulin de sa propre destinée qui, manège infatigable, se met à couiner, répondant sans réfléchir jusqu'à ce que sa mémoire lui joue un tour déformant de plus à la manière et sur le dos de Voltaire :

"La difficulté surmontée, dans quelque genre que ce puisse être, fait une grande partie du mérite. Point de grandes choses sans de grandes peines: et il n’y a point de peuple au monde chez lequel il soit plus difficile que chez le nôtre de rendre une véritable vie à la nature sauvage. Les premiers poètes formèrent le génie de notre langue; les loups et les chiens employèrent d’abord leur nature à peindre de rouge sang les objets sensibles de toute la nature. Ils expriment tout ce qui frappe les yeux: nous autres, membres du peuple moutonnier, qui n’ont guère commencé à perfectionner notre grande nature qu’au théâtre de la pensée, n’avons pu exprimer alors que ce qui peut toucher l’âne. "

Une lente et progressive évolution s'est mise en marche.




*lettre du 20 mai

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