samedi 16 mai 2015

16 mai / Par décret et illusion



Dans une salle discrète de la forteresse enfouie, face à un mur blanc éclairé par une invisible source de lumière feutrée, un immense fauteuil sculpté se nourrit des restes d'un pouvoir déchu. Derrière lui, occupant tout l'espace, un tableau sur lequel la mer s'agite mollement. Un cadre ouvragé et surchargé le borde sur ses quatre côtés et se prolonge sur l'arrondi et la structure du fauteuil. De part et d'autre du fauteuil rouge et or, une plage déserte s'étend jusqu'à l'infini. Sur les bords de son dossier sont sculptés, tels des saints dans l'entrée d'une cathédrale, une sarabande de personnages semblant figés pour l'éternité. Deux êtres nonchalants se prélassent sur le coussin usé de brocart rouge. Ils se
réveillent et s'étirent.
– Cela fait bien longtemps que notre roi ne trône plus dans le conseil... et ne dirige plus, en secret,  que par décret!
– Il doit être bien seul.
– Cela nous rend plus libre.
- Quel temps fait-il?
– La mer est calme, un lourd ciel gris stagne au-dessus d'elle. En face de nous, le soleil doit briller.
– Que voulez-vous dire par : "Il doit briller" et pourquoi "en face de nous"? Est-ce là son devoir ou est-ce une supposition de votre part ?
– C'est sa place et son rôle... Il ne sait rien faire d'autre et ne varie guère, c'est là son devoir: il "nous fait face"...
 – Je ne comprend pas ce que vous insinuez. Ne se déplace-t-il point d’un bout à l’autre du pays, d'un bout à l'autre du monde ?
– Illusion, ce n'est qu'une illusion de notre monde due à notre monde.

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