mercredi 20 mai 2015

20 mai / Un rare moment de surprise




Victor-Hugues s'imagine lourd et impuissant, manquant de mouvement, enchaîné à sa raison qui s'échappe face à son camarade accoutumé au rythme lent de ses mots et de ses pas.

– Il ne peut y avoir de doute au sujet de ce que vous me disiez hier et les jours précédents. Je ne voudrais ni me tromper, ni le tromper, sans une raison que l'habitude compose vraiment tant bien que mal.
– Croyez-vous aussi, pour changer de point de vue, que l'on puisse nous voir tels que nous nous imaginons?
– Voulez-vous être vu en train de vous cacher ou voulez-vous être vu en train de jouer ?
– Qui voudrais avoir envie de nous voir nous cacher ?
– Je n'en sais rien et vous?
– Moi non plus.
– Je le savais.
– On ne peut rien vous cacher.
– Savez-vous que derrière ce tableau se dissimule une autre salle toute pareille à celle-ci.
Ces moments de surprise sont infiniment rares et durent infiniment peu.
– Comment savez-vous cela?
– J'y suis allé.
– Comment est-ce possible?
– Tout simplement: Je suis sorti par la porte...
– Vous avez fait cela ! Mais c'est interdit !
– Peut-être... et alors.
L'humeur, tamisée, n'était pas interrogative.

C'est la sagesse même, cette sagesse qui préserve de la bonne entente et qui vous permet d'attendre sereinement la mort sur son propre chemin.

– ... Et alors, vous risquez d'être mis à la porte. L'autre porte. Celle d'où l'on ne revient plus. C'est alors que les carottes seront vraiment cuites !
D'ailleurs je vous laisse, j'entends le roulement dans l'écuelle. Les carottes que nous attendions sont servies.
- Venez, allons manger, nous réfléchirons d'autant mieux que notre panse sera pleine!

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