dimanche 29 avril 2018

À sa guise




– Regardez, très cher, comment l'enfant Lune résout ce que je peine tant à vous expliquer!
Il est entièrement l'histoire. Transformé par l'histoire, son histoire qu'il transforme à sa guise. Toujours absorbé vers ce qui vers quoi il tend, il est toujours matinal, nocturne ou diurne, le plus clair, comme le plus sombre de son temps. Selon lui l'ombre et la lumière se confondent ou se cofondent... 
– Comment pouvez-vous le savoir?
– Il le racontera plus tard...
– Qui dit cela?
– C'est mon maître et donc... le vôtre...
– C'est vite dit! Comment pouvez-vous en être si sûr?
– Je n'en suis pas si sûr, effectivement, mais même ce doute me vient de lui... il ne peut pas en être autrement.
– En êtes-vous sûr?
– Je vous l'ai dit: j'ai des doutes...
– Des doutes à propos de vos doutes qui vont font douter que vous doutez...voilà qui n'est pas banal. Mais reprenez, je vous prie...

– Jamais pourtant jusqu'à ce jour l'enfant Lune n'a encore fait de différence entre le jour et la nuit... entre ces deux états... Et pour cause: il ne les connaît pas. Il passe de l'un à l'autre sans en connaître le passage. Tout est là sans transition. L'enfant Lune existe en permanence, ce qui lui permet de se précéder.
– Comment cela: se précéder?
– C'est ainsi que prend naissance l'existence.
– Le mot ou ce qu'il désigne?
– Les deux. L'existence est changement...
– Mais le mot ne change pas...
– Certes, mais comme l'enfant il n'en n'a aucune conscience, c'est comme cela...

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