mardi 24 avril 2018

Ce qui passe


« Dès que les ténèbres commencèrent à tomber, le désert se réveilla, et les hurlements des bêtes fauves se rendant à l’abreuvoir se firent entendre sourdement dans les profondeurs inexplorées de la forêt.»

Gustave Aimard, L’Éclaireur (1859)




– Vous aimez, je n'en doute point, ces histoires puzzle qui multiplient les collusions temporelles...

– Dans ce monde-ci, voyez-vous, tout repose sur une temporalité fluctuante...

– Je n'en ai pas le moindre doute... mais voyez, vous aussi, comme il est difficile de se soumettre aux aléas du temps qui ne fait que passer... enfin... c'est ce qui se dit. Et c'est aussi ce à quoi certains esprits ajoutent, certainement par contrariété, que ce ne serait pas le temps qui passe, mais ceux, eux, qui passent et qui le construisent...

– Vous voulez dire... les hommes?

– Je veux parler de tous ceux qui ont conscience du phénomène que l'on appelle le temps...  dont on ne sait quasiment rien si ce n'est que nous pouvons constater les effets qu'il produit...

– Par le fait qu'ils sont conformes à l'idée que l'on s'en fait...

À la faveur du présent, certains fragments du passé remontent à la surface et, même défigurés, se reconnaissent aux effets qu'ils produisent sur la mémoire de ceux qui se sentent, de près ou de loin, concernés... 

– Malgré le fait que les temporalités différentes se mêlent dans un même présent.

– N'est-ce pas toujours le cas?

– Certainement, mais avec de telles dominantes que certaines, plus modestes ou discrètes sont parfaitement éffacées...

– Le crime parfait. Celui où toute trace devient invisible ou illisible...

– D'autant que la "nature" vient ajouter sa propre trace... tour-à-tour abandonnante et abandonnée...

– Comme nous avec les mots! Pardon, veuillez m'excuser, je ne sais pourquoi ces mots ont jailli de mon propre chef...


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