jeudi 10 mai 2018

"Briser le langage" (7)


« Briser le langage pour toucher la vie, c’est faire ou refaire le théâtre; et l’important est de ne pas croire que cet acte doive demeurer sacré, c’est-à-dire à dire réservé. Mais l’important est de croire que n’importe qui ne peut pas le faire et qu’il y faut une préparation. Ceci amène à rejeter les limitations habituelles de l’homme, et à rendre infinies les frontières de ce que l’on appelle la réalité.»

Antonin Artaud, Le théâtre et son double



Certains d'entre nous considèrent qu'il est temps de présenter un peu mieux, non sans raison, l'histoire de l'enfant Lune. Commençons donc par un commencement, celui par où commence l’enfant Lune lui-même:
Le fonds « Enfant Lune » créé, jour pour jour, cinquante ans après sa disparition, à l’occasion de la commémoration du cent-cinquantième anniversaire de sa naissance, bien que parfaitement chaotique, au sens où il l'entendait, en dit long sur l'homme qu’il devint. C'est quelquefois le propre des archives, non point secrètes, mais discrètes, parce que privée, et qu’en outre elles ne concernent que peu de monde pour des faits qui n’ont jamais fait les gros titres de la presse, quelle qu’elle soit. Ces archives, surtout des livres, quelques dessins et surtout des disques durs, malgré les déménagements et la difficulté de conservation des supports numériques, conservent certaines traces de réflexions personnelles, des lettres ou des textes qu’il n’a jamais envoyé, des photos qui sont loin d’évoquer des événements dont il eut semblé important de conserver le souvenir, parce que sans intérêt pour le monde dans lequel il vivait. Elles nous font pénétrer, quelque peu, dans sa vie intime. Ces archives, cependant n'échappent pas à la règle. Elles ne nous montrent pas seulement les différentes facettes des voyages de l’enfant Lune: avec sa famille, qui organise les différents combats qu’il a mené, qui s'inquiète du sort de ses compagnons, ou encore du sort de tous ceux qui, comme lui étaient en rupture avec des systèmes qui ne pouvaient leur convenir mais auquel il fallait si peu que ce soit, s’adapter. Il y avait là, à un certain moment, tout un petit réseau de relations qui subsiste, «malgré tout», comme il le disait lui-même, et qui fait mieux comprendre comment une histoire telle que la sienne n’a pu être publiée et ne survit que dans dans des supports sous-terrain ou quasi-clandestins.

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