Entrailles secrètes

« J’ai la tête dure, c’est un gros défaut, mais peut-être moins fâcheux que de l’avoir molle. J’aime aussi enfoncer le clou, tant il est vrai que notre formidable époque charrie à chaque instant son lot de symptômes en pagaille.
 Des symptômes qu’il est plus que jamais nécessaire de dénombrer, de décrypter et d’analyser puisque seule l’approbation de tout a droit de cité dans cette inlassable zone d’activité frénétique qu’est aujourd’hui « la culture », cette industrie appliquée aux Beaux-Arts, ce bazar mondial que le génial polémiste viennois Karl Kraus définissait déjà en son temps comme « le mal rapporté au système des valeurs esthétiques ».

Regarder, c’est toujours penser

Or ce mal infini dont le centre est partout et la circonférence nulle part, peu se risquent à l’examiner de manière critique. Car soit ils n’y ont pas intérêt, soit ils l’imaginent facteur d’émancipation, soit ils préfèrent s’en amuser plutôt que le penser. Or regarder, c’est toujours penser, ce qui est très différent du simple fait de voir.»

Cécile Guilbert

Dans les entrailles de l'Abysse vit un monde secret. Un monde inconnu fait de bric et de broc.

Considérant que:
L'Abysse en tant que bateau est tout un univers, les armateurs, marins, concepteurs et fondateurs de cette honorable bâtisse ont considéré dès ce jour et à jamais, que tout désormais sera régit par le fait, le mot et l'esprit du principe fondateur, entièrement incarné par le Prince Guisbert de l'Estrade ou du Pont, en alternance, Père Fondateur, Grand Chevalier de l'Ordre, actuellement en exil volontaire et excusé d'office.

À tout homme doté de conscience, sain d'esprit et de corps, non frappé d'imagination, il lui faut en déduire que:

Premièrement: si le marin est un homme libre sur un bateau libre, la tâche et le devoir du matelot, peut-être même sa seule liberté, consiste avant tout à obéir. En effet, obéir est considéré comme étant, selon la plus pure tradition, le seul acte qui soit à la fois fondateur et nourrissant. S'il est de bonne vertu, tout homme de sexe mâle peut y accéder et il se doit de choisir.

Conséquence pratique: considérant les conceptions métaphysiques comme étant strictement régies par un ordre personnel, il en ressort que monde est soit blanc ou noir.

Conséquence philosophique: le monde est gris, blanc ou noir, selon la vitesse du vent, le vol des oiseaux ou l'âge du Cap'tain... 

Troisièmement: Le reste est pure illusion... à moins que... quoique...

Tout est dans ce "quoique"... s'il est maintenu dans les limites convenues, celles de l'appréciation individuelle de ses membres, rate, cerveau, cour, mains ou jambes de celui qui, au sens profond, a la parole.