« Lorsque tu est dit, le locuteur n'a aucune chose pour objet. Car lorsque il y a une chose, il y a une autre chose. Chaque cela est délimité par d'autres; cela n’existe que par le fait qu'il est délimité par d'autres. Mais lorsque tu est dit, il n'y a pas de chose, tu n'a pas de limites. Lorsque tu est dit, le locuteur n'a pas de chose, de fait il n'a rien. Mais il tient sa position en relation.»
Martin Buber, I and Thou
Commentaire de l'enfant Lune
Extrait du Grand Cahier Rouge
J'étais devenu humainement raisonnable, je ne pouvais plus, dans le plus petit instant, y voir l’infini des relations qui se nouent, des événements qui se produisent et l’immobilité persistante de mes habitudes. Dans un temps plus grand, humainement parlant je m’étonne encore qu’ils soient aveugles à tout ce qui eut été possible et de la médiocrité triomphante dont je voyais, ou croyais, qu'elle était inhérente à la très grande majorité de l'espèce... Il est vrai aussi qu’il m'était difficile de ne pas voir à quel point effrayant elle avait gagné... et à quel point elle domine le monde... mais jusqu’à quand...
Très vite, l’instant, la pensée qui l’habite, les mots creux que je dois entendre sont déjà passés... mes yeux et ma bouche se referment et, juste en avant de moi, presque comme en moi-même, je le sens, va resurgir, éternel recommencement, l’infinie beauté de l’univers...
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