jeudi 24 janvier 2019

(24) Chacun de son côté


« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression, et même la sensation solide, que c’est le moment de parler de la bêtise, de nommer la bêtise, non seulement son existence, mais aussi sa tendancielle hégémonie. En témoigne la parution de plus en plus régulière d’ouvrages consacrés à ce sujet. Machinalement, au fil des années, j’avais rangé tous ces livres au même endroit, il y avait donc dans un coin de mon bureau une pile «bêtise», mais je n’en avais pas vraiment conscience jusqu’au jour, tout récent, où la pile en question fut si haute qu’elle s’est effondrée. Me penchant alors sur chacun de ces textes qui prétendent affronter la stupidité de l’époque, j’ai touché du doigt leur solidarité souterraine et leur commune vulnérabilité.
[...]
Voilà, je pense quand même que cette accumulation fait sens, il y a aujourd’hui urgence, il faut prendre la bêtise au sérieux, se garder de la sous-estimer, mesurer au contraire sa puissance morale et politique. Car la bêtise est une force spirituelle. Elle n'a guère à voir avec l'ignorance: certains de ses fidèles les plus zélés sont d’ailleurs des puits d'érudition. La bêtise relève plutôt d'une perversion de la conscience: un mélange de désinvolture morale et de dégoût vigilant, qui conduit à haïr la liberté, et la mémoire aussi, souvent. Sans cesse les imbéciles se défilent, partout ils refusent de faire face. Une chose et une seule suscite leur mobilisation: la guerre à l'intelligence. Quand il s'agit d'en finir avec l'esprit critique, la bêtise devient légion métaphysique et matérielle, appuyée par d'innombrables soldats, vieux briscards ou jeunes loups...»

La chronique de Jean Birnbaum, France Culture, 24-1-2019


Juste à temps, le passé avait disparu des pensées de l'enfant Lune et le monde lui était apparu tel qu'il était à ce moment là, lui aussi ne cessant de changer. La nuit, la vraie, a succédé au jour. Pour Pinocchio, de son côté, invisible, par intermittence, c’est un autre voyage qui commence. Un voyage qu’il ne peut maîtriser et bien difficile à suivre. Un voyage parfaitement inconnu dans lequel il ne peut rien faire d’autre que d’assister. Ni le moindre mouvement, ni rien de ce qu’il pourrait y dire ne changerait le moindre détail.
– C’est exactement comme dans un rêve, sauf que là je n’oublie presque rien... pour ainsi dire...

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