dimanche 16 février 2025

 

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Charles Baudelaire tiré des fleurs du mal


De cette continuelle catastrophe, ils n’éprouvent ni regret ni lassitude. Ce qu’ils ont bâti a disparu, mais rien n’est perdu. Car bâtir n’est pas pour eux un but, ni même un acte délibéré: c’est une manière d’être, un mouvement qui recommence avant même de s’achever. Ils ne cherchent pas à reconstituer ce qui fut, ni à retrouver la forme engloutie. Leur regard ne s’attarde pas sur ce qui s’efface; il se pose, neuf, sur ce qui advient. Leur ouvrage s’efface comme s’il n’avait jamais été, mais eux ne doutent pas un instant qu’il ait existé. La nature, en recouvrant ce qu’ils avaient dressé, leur a donné une réponse. Une réponse silencieuse, mais dont ils pourraient saisir le sens profond: il n’y a pas de trace durable, pas de monument définitif. Tout ce qui s’élève appartient déjà à ce qui se dissout. L’oubli ne détruit pas; il restitue au monde ce que la main croyait lui soustraire. Alors, sans un mot, sans un instant d’hésitation, ils recommencent.

 

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