jeudi 13 février 2025

 

Extrait du journal du Souriant:

Mais l'océan rugit, défiant cette furie,
Ses lames se dressaient en murailles hardies.
Le vent, en cavalier, fouettait l'onde en éclats,
Et l'eau du ciel, en pluie, rejoignait l'eau d'en bas.
Le sol disparut sous l'assaut de l'averse,
L’île, charriant un fleuve de boue, se déverse
Là où fut la forêt ne restaient que lambeaux,
Vestiges engloutis sous le règne des eaux.
Et moi, impuissant, figé sous cette étreinte,
J'attendais, égaré, que s'apaise ma crainte.
 
 


Quant aux lecteurs… eux non plus ne sont rien pour mes personnages. Ils n’en soupçonnent même pas l’existence. Ils vivent sans regard sur eux, sans conscience d’être observés, et cette absence de lucidité leur confère une certaine innocence—quoique toute relative, car elle n’est pas un choix, mais une condition imposée. Et pourtant ce sont ces lecteurs invisibles et inconnus qui véritablement les font littéralement exister. Leur expérience n’est pas documentaire, elle n’a pas vocation à témoigner d’un monde, mais simplement à donner l’illusion d’une vie plausible. Ainsi, ce qui leur vient de l’extérieur n’a d’intérêt que lorsqu’il se charge d’un présage, lorsqu’il devient signe d’une fatalité en marche. Tout le reste n’est qu’un murmure sans écho, un décor dénué de sens, une toile de fond dont ils ne soupçonnent même pas la main qui la dessine.
 

 

 

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