dimanche 23 février 2025

 
« … et la lumière des lampes des Valar inonda la terre où tout brillait comme si le jour n'avait pas de fin.
Alors les graines semées par Yavanna germèrent et bourgeonnèrent en hâte, une multitude de choses grandes et petites se dressa sur la terre, herbes et mousses et hautes fougères, et des arbres couronnés de nuages comme des montagnes vivantes dont le pied plongeait dans un vert crépuscule. Des bêtes apparurent et s'établirent dans les prairies, dans les fleuves et les lacs, et parcoururent l'ombre des forêts. Nulle fleur encore n'avait fleuri, aucun oiseau n'avait chanté, car ces choses attendaient leur heure dans le sein de Yavanna, mais l'abondance, elle l'avait imaginée et nulle part plus riche qu'au milieu de la Terre, là où se touchaient et se mêlaient les rayons des deux lampes. Dans le Grand Lac, sur l'île d'Almaren, quand tout était neuf, quand la verdure nouvelle était encore merveille aux yeux de ses créateurs, les Valar firent leur première demeure, et longtemps ils en furent satisfaits.»

Tolkien, Le Silmarillion, J’ai lu 
 
 

 
Asinus récite,
des mots tombés d’autres bouches,
sans les reconnaître.

Un cri se fait entendre, mais ce cri est tout autre. Il ne provient ni de l’homme, ni des créatures visibles, ni même des éléments familiers. Il résonne au plus profond, dans les espaces d’un monde que l’on croyait maîtrisé, où l’on croyait être en sécurité. Et pourtant, ce cri n’éclate pas dans l’espace ; il traverse l’espace, le fend, et ce qui se fait entendre n’est rien d’autre qu’un bouleversement radical de l’être, une manière dont le monde se dévoile, sans que l’homme n’y ait prise. Ce cri, d’une ampleur insensée, semble surgir des creux mêmes du sol, des profondeurs infinies qui échappent à la pensée. Comme une vérité brute, comme une fissure dans l’épaisseur du réel, il fait écho à une absence de réponse. Tout se dissout dans cette présence vide, une présence qui ne se laisse pas saisir.





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