Monsieur le Souriant
Quand
est-ce que pour la première fois je me rendis compte du manque qu’il
était prévu que je comble? Je ne le sais plus... mais ce n’est qu’à ce
jour et cet instant que je comprends vraiment ce désir qui est le vôtre
depuis le début... Ce ne peut être une consolation ni pour vous ni pour
moi. Je refuse d’être une consolation, monsieur le Souriant. Je ne crois
pas que vous auriez eu le cran de mettre en place une situation aussi
extrême... à moins que... À moins que vous aussi, dans votre jeunesse
lointaine, vous n’ayez été ce qu’aujourd’hui je suis... Et dans ce cas,
je ne serai plus le fils, votre fils, mais une sorte de doublure figée
dans un passé dont vous remanieriez les séquences, comme un monteur de
cinéma monterait un film, sur les indications d’un metteur en scène,
vous-même, monsieur le Souriant qui avez aussi écrit le scénario et dans
ces scènes loin de les inventer, je rejouerais ce qui vous était arrivé
avec, je le suppose, quelques petits changements, quelques arrangements
vous permettant de reconsidérer ce passé qui pour vous est encore un
présent.
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