lundi 10 août 2009

Je me sens bien seul depuis que je n'écris plus à Joachim. Je n'ai pas cessé d'écrire, mais j'ai, et pour cause, cessé d'attendre des réponses. Même si Joachim ne 'a écrit en retour qu'à deux ou trois reprises, cela m'avait fait du bien. Même le doute que j'avais et que j'ai toujours concernant l'authenticité de ses lettres ne diminuait en rien le plaisir de communiquer. J'ai une sorte de certitude qui s'installe selon laquelle ces lettres étaient interceptées et réécrites par certains émissaires que je connais. Je le sais car il me parait des plus improbable que Joachim ait pu m'écrire à propos de certaines choses qu'il ne pouvait connaître. Une fissure bien large s'est ouverte qui me fait voir que la réalité dans laquelle je baigne pourrait être toute autre si je parvenais à prendre quelque distance. Le malheur est qu'il ne me faut guère de temps pour que cette distance soit aussitôt trop grande. Alors m'apparaissent ceux qui n'œuvrent que dans l'ombre. Quand la mer et le ciel se rejoignent sont libérés ceux qui les peuplent. C'est ainsi que mon île redevient la terre des dieux de mon enfance et Neptune du fond de la mer de la mer me tend les bras et me parle.
- Viens petit d'homme à l'esprit tourmenté et à la langue agile. Viens peupler les vagues qui s'offrent à toi depuis toujours... Viens chevaucher mes fougueux destriers à la blanche parure... Viens je te montrerai tout ce dont tu as tort d'avoir peur. Viens et tu seras craint de ceux que tu crains aujourd'hui. Viens, il n'est de beauté plus grande que celles qui chantent en mon palais...
Il s'en est fallu fallu d'un cri pour que je lui cède. Un petit cri plaintif venu de la mer lui aussi, mais un cri terrestre et bien réel, de cette réalité que nous pouvons concevoir sans rêver. L
oin des douteuse invitations des dieux, loin de la mimesis, loin du théâtre des pensées qui ne sont pas miennes, au milieu des vagues qui s'écroulent bruyamment, j'entends un chien qui aboie faiblement et je ne rêve pas.

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