dimanche 30 août 2009

"Souffrez, s'il vous plaît, monseigneur, que je ne vous flatte point,
et qu'en fidèle historien je raconte nuement les chose comme elles sont."

Vincent Voiture ( Lettres, 1649)


« De ce que je ne puis composer je puis pour moins en faire le festin.
- Où êtes-vous manants, galantes en charge de moi ?
Grossiers, discourtois et irrévérencieux malappris !
Quand le bâton se lève il n'y a plus guère de temps à perdre en soumissions sans distinction de taille ou de nombre. Mon ventre crie et passe commande. L'orage, sans doute, menace.
- Prenez garde que de tout cela ne résulte le désagrément d'un vent qui se lève, décime les plaines et ne stimule ardemment les variables du temps.
Je ne veux, que dis-je, je ne peux "sauter par dessus les joies de la terre" avant que d'aller rejoindre celle qui m'attend.
- Le temps presse. Combien se trouvera-t'il d'honnêteté que je n'aie imaginée, si éloignée de cette perfection ?
Aux adeptes du rigorisme doux, auxquels j'appartenais, s’opposent ceux du rigorisme dur dont je souhaiterai partager les bienfaits. Cependant je ne puis que constater pour mon malheur le peu d'autorité que j'ai sur eux.
L'injustice est grande. Mes gens se gaussent de moi et font des gorges chaudes des extraits mutilés et des citations tronquées qu'ils recueillent de ci de là. La parole privée de ses résonances et de son ambiguïté méprise à l'envi la piété et la raison.
Malgré moi et à mes dépends, ils font de moi ce qui m'attriste le plus : un doux rêveur.
Il faut en toute bonne volonté, sans couleurs, sans artifices, sans allégeance corrompue et avec une extrême lucidité que cela change.»

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