mardi 1 mai 2018

"Tout"

« Tandis que le serviteur travaille pour le maître – par suite non dans l'intérêt exclusif de sa propre singularité – son désir reçoit cette envergure consistant en ce qu'il n'est pas seulement le désir d'un celui-ci mais, en même temps, contient en lui le désir d'un autre. Le serviteur s'élève donc au-dessus de la singularité, rivée au Soi, de sa volonté naturelle, et se tient, dans cette mesure, suivant sa valeur, plus haut que le maître considéré dans son égoïsme, intuitionnant dans le serviteur seulement sa volonté immédiate, reconnu de manière formelle par une conscience qui n’est pas libre. Une telle soumission de l'égoïsme du serviteur forme le commencement de la liberté véritable de l'homme. Le tremblement de la singularité de la volonté, le sentiment du néant de l'égoïsme, l'habitude de l'obéissance, est un moment nécessaire dans la formation de chaque homme.»

Hegel,  Encyclopédie des sciences philosophiques, t. III



Deux perroquets, invisibles durant la nuit, poursuivent néanmoins leur dialogue.

– Dire que l'enfant Lune ne dormait pas serait une grave erreur...
– Comment voyez-vous cela?
– ... simplement il ne faisait aucune différence entre le réveil et le sommeil...
– Entre le rêve et la réalité?
– Je vous l'accorderai volontiers si vous arriviez à m’expliquer la différence qu'il y a entre les deux. La nuit porte en elle-même un univers en sommeil pendant le jour.

Même s'il s'agissait de la conversation de deux perroquets, cela fut dit sur le ton joyeux de l'homme qui parle en souriant

– Êtes-vous d'une humeur spécialement joyeuse ou est-ce une plaisanterie?
– Je ne plaisante jamais, mais cela ne m'empêche nullement d'être empli de joie.
– Pourrais-je savoir ce qui vous rend joyeux?
– Tout, mais spécialement l'image qui nous transporte en cet instant.
– "Tout", mais ce "tout" ne peut être qu'un mythe... 
– Pas plus que la réalité...

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