jeudi 18 mai 2017

Le feu

« J'ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à connaître la sottise et la folie; j'ai compris que cela aussi c'est la poursuite du vent.»*



Platon le Petit et Damon dialoguent sur la plage. Damon a appris que son incarnation était, au mieux, d'un point de vue physique, une pure hypothèse, au pire, une illusion. L'illusion de l'esprit qu'il est censé être. et qui le pousse au questionnement:


 – Dites-moi, selon vous qu'est-ce qu'une âme?
– Les âmes n'existent pas...
– Pourquoi dites-vous cela?
– C'est juste une façon de penser...
– Ce que vous dites n'a pas de sens...
– Je veux dire que parler de l'âme c'est un juste moyen de se donner de l'importance...
– C'est méchant...
– Non, pas du tout. Peut-être est-ce aussi le seul moyen que certains trouvent pour dire adieu quand, pour eux, de dieu il n'est pas question...
– Vous jouez sur les mots. Tout le monde sait que les êtres ont une âme...
– Ce sont eux ou lui qui jouent.
– Qui ça «il »?
– Le monde...
– Et à quoi jouent-ils?
– Ils jouent à avoir une âme.
– Et, selon vous, qu'espèrent-ils gagner?
– Une âme... ou ce qu'ils croient être une âme et puis il se peut que que cela soit «plus facile de vivre avec cette pensée»**... 
– Je ne vous suis pas...
– Revenons à ce que je vous racontais lorsque je vous faisais le récit que me fit mon père et qui concernait Platon l'Ancien, mon maître, alors qu'il n'était encore qu'un enfant et que moi-même je n'étais pas encore né.  Vous-souvenez-vous de ce que je vous racontais?
– Parfaitement, le père Gabar avait emmené son fils Platon sur sa barque légère et ils s'approchaient, excusez-moi,"fastidieusement" du grand et fort mystérieux cube rouge... était-ce par la façon dont vous menez votre récit ou lui sa barque... mais l'ennui me guette un peu.
– Rassurez-vous et pardonnez-moi par avance. Ne le prenez pas de façon personnelle. Rien de ce que je vous raconte ne concerne personne en particulier... Les effets du hasard sont source de ressemblances quelques fois frappantes mais, vous le savez, le hasard est parfaitement impénétrable et s'il n'est pas facile de s'approcher de ce que représente le cube rouge, on n'y parvient qu'au moment ou l'impatience a pris fin et ce n'est pas donné à tout le monde... patience... Platon l'Ancien et son père laissent les vagues les emporter à l'assaut de la falaise rouge. Sous les assauts répétés d'un vent violent et capricieux, ils s’approchent et s’éloignent, montent et descendent... et voilà qu'un nouveau danger les guette. 



– Le feu!


* Ecclésiaste 1:17 

** « Un seul Dieu tu adoreras»  Krzysztof Kieślowski




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