lundi 1 mai 2017

La chasse à la sagesse

La multiplicité de apparences n'est pas l'apanage de quelques individus isolés. Chacun de nous est composé  de plusieurs entités dont certaines sont aussi différentes que le jour et la nuit. encore faudrait-il considérer que le jour et l nuit ne sont que des éclairages qui agissent sur le même monde ou la même personne. Le monde ou la personne change selon l'éclairage  que l'on porte sur elle.
Il est difficile de ne pas constater que la lumière ou l’obscurité exercent une influence décisive sur notre comportement. Encore faudrait-il se demander pourquoi cette lumière a une action si différente sur chacun de nous ?



Cher Daemon, que pensez-vous de la sagesse?
– Je n'ai aucune idée à ce sujet.
– Pensez-vous que la sagesse puisse se chasser?
– On irait en quête de sagesse comme on irait à la chasse?
– Cela vous parait bien curieux? Et pourtant depuis bien longtemps, si l'on en croit Nicolas de Cues*, le philosophe a été considéré comme un chasseur. On en trouve traces chez Platon, pas le nôtre, je vous parle du philosophe et non point celui ou ceux qui portent son nom aujourd'hui. Aristote lui aussi, tout comme chez Xénophon... et bien d'autres encore. Vous-même, il y a peu, vous vous considériez comme un chien. Or le chien n'est-il pas l'auxiliaire du chasseur? En tous cas les jeunes gens de l'époque des grands hommes, que je viens de citer, de la Grèce antique jusqu'à l'Italie de la Renaissance, étaient éduqués comme des chasseurs. Cela signifiait qu'ils devaient avoir une certaine attitude vis-à-vis du monde duquel chacun peut, tel le chasseur de retour de la forêt, selon ses capacités rapporter un butin de son voyage dans le monde dont on se nourrit. Bien sûr, il faut comprendre cela de façon littérale. En tant qu'il est un être spirituel, tout comme vous, cher Daemon, l'homme doit non seulement nourrir son corps, ce qui n'est pas votre cas... mais aussi son esprit et ce qui va le nourrir, devrait être la sagesse.


* Nicolas de Cues, La chasse à la sagesse, 1462
traduction de Jocelyne Sfez, Belles Lettres 2017

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