mardi 11 juillet 2017

(11) Pas de deux

«Ce qu'il y a de particulièrement néfaste à imposer silence à l'expression d'une opinion, c'est que cela revient à voler l'humanité: tant la postérité que la génération présente, les détracteurs de cette opinion davantage encore que ses détenteurs. Si l'opinion est juste, on les prive de l'occasion d'échanger l'erreur pour la vérité ; si elle est fausse, ils perdent un bénéfice presque aussi considérable: une  perception  plus  claire  et  une  impression  plus  vive  de  la  vérité  que  produit sa confrontation avec l'erreur.»
«On ne peut jamais être sûr que l'opinion qu'on s'efforce d'étouffer est fausse; et si nous l'étions, ce serait encore un mal.»






La forme fait obstacle au mouvement. Elle fige l’instant qui aussitôt meurt et fait place au suivant. Étape par étape chacun a la possibilité d'escalader et de se jeter dans cet inconnu dans lequel nous baignons tous sans le savoir vraiment. Mettre, ne serait-ce qu'un pied dans l’incertitude, c’est prendre pied dans un royaume où tout resterait à construire. Pas forcément comme on pourrait l'imaginer à partir de rien, mais à partir de certains principes qui existent déjà mais dont la corruptibilité n'est plus à démontrer. Le difficile équilibre vient du fait que très vite certains dirigeants, au départ les plus à même de diriger, prennent à leur compte ce pouvoir sans se rendre compte de la corruption qui se produit en eux. 
C'est pourquoi le "pas de deux" qui régit la "lutte pour le piédestal" doit être rigoureusement conduite. Le rituel dit clairement que l'on ne doit point percevoir qui des deux candidats conduit la danse, pas plus que le mouvement ne doit, à aucun moment, s'arrêter.





*  De la liberté,John Stuart Mill
Extraits du chapitre II: De la liberté de pensée et de discussion»
 

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