samedi 22 juillet 2017
Le tout à l'aune de son monde
Pendant que son esprit vogue au large, le Cap'tain caresse les vagues du regard et par l'effet de sa volonté, du moins le croit-il, les vagues se mettent à l'unisson et forment une chaîne sans fin. À peine l'une meure qu'une autre à ses côtés s'élève avec ce léger décalage qui fait percevoir une continuité dans le regard. Les unes et les autres ne font plus qu'une ronde qui se reproduit: l'une est l'autre et l'un est l'autre...
– Je suis celui en qui tout le monde doit se retrouver puisque je suis le monde... et puisque j'obéis à cette idée, vous aussi vous obéirez... C'est à ce prix que reviendra la lumineuse prestance de notre paquebot.
"Quand la réalité ne le contente plus, l'homme, par le rêve, lui échappe ; il se dessine, il poursuit à travers l'idéal un état meilleur. Et il a raison ; car cette réalité dont il souffre n'a rien de défini ; car ce n'est pas en vain qu'au-dessus de toute réalité l'esprit reste libre ; et pour que l'état meilleur devienne réalité à son tour, il faut que longtemps d'avance il ait été pressenti, espéré, conçu dans l'idéal, réalisé dans l'imagination. Le désir qui, sous sa condition normale et légitime, se confond dans l'espérance, est donc véritablement, ainsi que le Christianisme l'a entrevu, l'une des forces fondamentales de la vie humaine. C'est le lieu de l'avenir avec le présent, c'est l'aile motrice de la vie, comme la Foi en est la lumière, comme l'Amour en est le repos et la plénitude. Si ce n'est peut-être de nos jours, où tant de printemps sans fleurs annoncent des automnes sans fruits, quel homme n'a point rêvé ?"*
Le Cap'tain, qui ne l'est pas vraiment, lui aussi se place au dessus de la réalité... Du moins pense-t'il pouvoir le faire. Platon, lui qui n'est plus un enfant sait fort bien qu'il est impossible d'être au-delà de toute réalité. Par contre le concept même de réalité peut être remis en question.
– Si je peux, il peut... vous pouvez... nous pouvons.
Et la réalité de l'un, le Cap'tain, devient la réalité de l'autre prouvant ainsi, empiriquement, la plasticité du concept et la plasticité de son cerveau... Le tout à l'aune de son monde. Un monde qu'il pense infini et dans lequel il ne perçoit aucune frontière.
*L'Encyclopédie nouvelle de Pierre Leroux et J. Reynaud
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