mercredi 28 novembre 2018

(28) Libres et égaux en droits


« Penser l’universel et le transformer en droits. C’est par ces quelques mots que l’on peut tenter de décrire l’immense dessein de ceux qui, à l’issue de la seconde guerre mondiale, conçurent la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il aura fallu du temps pour que des principes nés d’une vision religieuse et philosophique du monde se fraient un chemin jusque dans le droit. On peut bien entendu remonter jusqu’à la Magna Carta (Grande Charte) en Angleterre (1215), qui introduisit la notion d’égalité devant la loi et donna naissance à l’habeas corpus, garant de la liberté individuelle. Mais le véritable point de départ de ce qui allait devenir les droits humains de l’époque moderne est à chercher chez Emmanuel Kant et dans la philosophie des Lumières, puis dans la révolution américaine, dont la déclaration d’indépendance de 1776 proclamait déjà : « Tous les hommes sont créés égaux » — notion reprise quelques années plus tard en France, sans référence religieuse au Créateur, dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Mais les droits de l’homme reposent aussi aujourd’hui sur une autre fondation, puissante et contemporaine : la guerre. La bataille de Solferino en 1859 d’abord, qui révéla au Suisse Henry Dunant l’abandon des blessés et l’amena à créer la Croix-Rouge ; la première convention de Genève, en 1864, s’inspira directement de ses idées. La guerre de 1914-1918, ensuite : tueries entre soldats, massacre de millions de civils. Dès la signature du traité de Versailles, la Société des nations tenta par tous les moyens d’empêcher la répétition du conflit, y compris en déclarant la guerre « illégale ». Chacun connaît la suite. Pourtant, la Société des nations, avant de s’écrouler dans les années 1930, avait imposé l’idée selon laquelle la sécurité collective ne pouvait se fonder que sur le multilatéralisme, et non sur la diplomatie secrète.»

Un long chemin vers la dignité, Claire Brisset, Le Monde Diplomatique, Décembre 2018 



L'enfant Lune ne sait pourquoi il se trouve à Venise, pas plus qu'il ne sait pourquoi il entrevoit, sur les dalles de la place Saint-Marc, se dessiner une sorte d'échiquier géant.

– Par une sorte de mauvais goût, éphémère apparition, un simple fragment de phrase qui pénètre là ou il n'est pas le bienvenu... parviendrait-il à résister longtemps aux protestations, aux éclats et au désordre qu'il engendre?



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