dimanche 17 mai 2020

(17) S’il nous était possible


« S’il nous était possible de voir au-delà des limites où s’étend notre savoir, et encore un peu plus loin au-delà des contreforts de nos intuitions, peut-être alors supporterions-nous nos tristesses avec plus de confiance que nos joies. Elle sont, en effet, ces instants où quelque chose de nouveau a pénétré en nous, quelque chose d’inconnu; nos sentiments font silence alors, obéissant à une gêne effarouchée, tout en nous se rétracte, le silence se fait, et ce qui est nouveau, que personne ne connaît, se tient là, au centre, et se tait.»

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète





Mon maître

Depuis que, pour des raisons que j'ignore, je ne vous entends plus parler, j'ai appris que notre compagnon, j'ai nommé Pinocchio l'Autre s'était attribué l'autorisation de vous écrire. J'ai supposé que lui aussi n'avait plus de contact avec vous. Il me l'a confirmé. J'aurais aimé vous écrire aussi, mais, vous le savez, en tant que perroquet, nous ne sommes pas en mesure de le faire. Je me suis dit que si il nous était possible de vous écrire, voici que je vous raconterais... J'ai donc contacté Pinocchio l'Autre, avec qui, comme vous le savez aussi bien que moi, nous partageons les mêmes images, et je lui ai demandé de m'aider. Quelle ne fut pas ma surprise de l'entendre dire qu'il ne savait ni lire ni écrire! Quand je lui demandais comment il se faisait que j'aie pu lire quelques uns de ses cahiers, il me répondait simplement que ce n'était point lui qui les écrivait. Quand, poursuivant mon questionnement, je lui demandais s'il savait qui les avait écrit, il me répondit avec aplomb que c'était l'enfant Lune. C'est donc par son intermédiaire que je m'adresse à vous.








Aucun commentaire: