jeudi 21 mai 2020

(21) En son théâtre



– Pinocchio, l'Autre, sait-il qu'il est dans son théâtre, que l'arbre qu'il voit au loin n'est qu'un amas de bois mort et que nous y sommes perché?
– Il y a peu de chance qu'il le sache... rien de tout cela n'a d'importance... 
– Qu'est-ce qui alors aurait de l'importance?
– Ce qu'il dit... écoutez!

– Ceci, cela, demain sera... Les humains vieillissent vite. C'est plus grand qu'eux. Un petit bruit, à distance, a provoqué toute une histoire. Les nuages chantaient, protégeant nos prairies. Ses yeux se sont fermés. Les cheveux ont disparu dans l'obscurité d'un grand chapeau. Il est bien difficile pour les gens de traverser des rivières qui tombent dans les forêts. Il est un abri à l'ombre de l'arbre tant attendu. À proximité, un cri s'est fait entendre. C'est sorti. À l’exacte moitié du temps d’une lune, plus qu’il ne suffit, les nuages chantaient, protégeant et arrosant les grands champs. Au loin, encore un sourd grondement. L'arbre se tourne parfois. Tremblants, deux oiseaux silencieux, perchés sur un arbre, écoutent venir à eux les assauts furieux de l’eau et du feu venu des cieux.

– Parle-t'il de nous?
– Faites silence!

– Le nombre de leurs batailles augmente rapidement. Escarmouches bruyantes, brusques fureurs et lancinantes brûlures, dialoguent. Sourdes rondes, chagrins barbares. Au-delà des frontières du visible, les yeux et les ailes des oiseaux fatigués se sont fermées. Au temps plein d’une lune, les plumes en bataille, elles aussi, ne pouvaient plus couvrir leurs maigres têtes. Aujourd'hui, au temps premier du déclin d’une lune, l’homme sur la rive du déluge est rivé. Vis-à-vis impie, clair rival et sombres rivalités, les courants sont contraires. Le vrai toujours fait face. Difficile de traverser la folie d’une rivière qui traverse une forêt de troncs charriée par la mort. Dans son lit, Charon y assemble les arbres morts. 

 
 

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