vendredi 22 mai 2020

(22) Tout entier fait de mots


« Il est le passager, c'est-à-dire le prisonnier du passage.»

Michel Foucault



Pinocchio, l'Autre, n'a pas le moins du monde la sensation d'être dans un théâtre. Son théâtre. Il est dans le monde... Son monde. Ce qu'il dit est... Au loin est un arbre. Il lui suffit de le dire et cela est...

Au loin, plus loin que l'on peut imaginer, à l'extrême pointe du levant, il est venu vers moi, petit bois d'où vient le monde du petit bois, un monde tout entier fait de mots, vertigineux miroirs, qui le représentent... Sur la petite île solitaire, un petit bois s'élève dans la brume légère du matin. Patiemment, la distance fait son travail. Au-delà des eaux, il est là, planté depuis longtemps. Lui aussi est un petit bois... poli de surcroît. Il est à moins d'une centaine de mètres, mais en ce qu'il murmure l'angoisse et la colère ne peut être entendues. De légers éclairs sont apparus dans le ciel. Un oiseau dérivé, ivre du ciel, peut-être, plonge et se noie dans les obscures profondeurs d'un arbre. L'être, de bois poli, en son rêve, se voit devenir homme. Dans le souffle du ciel, il reconnait sa voix. Il ne l'aime pas, mais elle l'attire. Il en a peur, mais s'approche. Par endroits, la poussière se confond avec le sable de la rive. Comme le faussaire, discrètement le vent se lève, soulevant le sable et la poussière.




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