jeudi 7 mai 2020

7 mai 2020


« Fouillons nos souvenirs pour en exhumer un certain nombre de petits détails qui faisaient partie de notre monde flottant. Je ne laisse rien de côté, si modeste que soit le fait. Je me sens poussé par le même mobile qui inspira bien des vieux chroniqueurs illustres, à narrer les moindres bagatelles traitant de sujets destinés à disparaître entièrement de la terre, et qui s’effaceraient infailliblement de la mémoire des hommes si on ne les consignait pas à point nommé.»




Monsieur l'Écrivain

Merci de votre lettre et de votre indulgence... monsieur l'Écrivain, mais comme vous le savez, il arrive que l’indulgence, comme la fraternité, soit une caresse qui va et vient. Quand elle vient elle est toute douceur et quand elle s’en va sa rugosité vous écorche la peau.
La subtile ruse de l’homme se dérobant à lui-même, se déguiser d’un geste ample et dire ce qui au-dedans de lui s’enfuit. Là le temps qui n’en est pas un, résiste à sa définition, un peu, puis se laisse emporter. Sa respiration reprend force, à la fois dans l’engouffrement et, dans l’archaïque souffle, subtile et discrète source du vent, attisant les flammes d’autrefois mélangeant dans les cendres ce qui sans lui jamais ne fut marié…Dans l’air que son souffle discret soulève et emporte parmi les vagues se rendent visibles de fugaces traces et disparaissent les songes endormis.

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