samedi 23 mai 2020

(23) Vivre à nouveau




Pinocchio, l'Autre, en son théâtre, gesticule du corps et de l'esprit. Sur la scène il joue, réveille, rejoue et recherche avec courage ce qui, dans sa mémoire, lui permettrait de cheminer ou de vivre à nouveau.


– Au moindre souffle, quelque part entre la roche et le ciel, se soulèvent des armées de fantômes, guerriers et guerrières entremêlés, chevauchant les puantes carcasses de leurs montures, s'infiltrent dans les pensées de l’homme de bois. Tourbillonnantes et rigoureuse, les muses sauvages se jouent du moindre dédale, elles passent à travers la moindre des ouvertures... Une minuscule fissure et les voilà qui s'installent, bataillent et se répandent en l'être de bois. Subrepticement, par la tête d'abord, comme par minuscules fragments, le vent de l'ailleurs souffle. L'homme s'essouffle. Avec ardeur, par bourrasques, il se rebiffe. En son entier, le vent s'est engouffré. L'être de bois, timide, recroquevillé au bout de son monde, s'est perdu. Enténébré, il ne pense plus. Il est pensé. Lentement, sous le vernis, la peinture s'écaille. L'instant d'après, porté par le vent, ses articulations se détachent. L’obstinée dérive commence. Elle délivre, incomplète, sa tête presque inconsciente aux tourments du hasard.

Aucun commentaire: