« Il y a beaucoup de lieux merveilleux en la terre.»
Socrate
Extrait d'une lettre de Pinocchio, l'Autre, à son créateur
Monsieur l'Écrivain
Vous n’imaginez pas à quel point cette descente en enfer dans les entrailles de la bête fut effrayante et surtout inattendue. L’étrange sensation de voir et toucher la chair de l’intérieur et surtout l’instabilité totale à laquelle j’étais confronté... loin, très loin des bruits du monde auxquels nous sommes habitués et qui nous font tels que nous sommes. Tout là-bas me paraissait tel que jamais je n'eus pu imaginer. Tout mes repères avait disparu et j’étais incapable d’appréhender ce que j’avais sous les yeux comme étant cela même que je souhaitais devenir... un être de chair et de sang. Ajoutez cela le fait que j’étais incomplet! Il me manquait cette main droite qui devenait de jour en jour plus utile. Celle par laquelle je commençais à peine de ressentir ce que vous appelez le toucher et avec laquelle je commençais le difficile apprentissage de l’écriture lorsque vous fîtes apparaître ce monstre qui me dévora. Le plus curieux, peut-être ne me croirez vous pas, c’est que je continuais de la sentir, cette main qui m’avait été arrachée, alors même que je ne pouvais la voir. Je la sentais, elle et le monde qu’elle touchait, pourtant bien loin de moi, comme si la distance avait été abolie et, dans le même temps je constatais avec ahurissement et émerveillement que je voyais et ressentais cela, y compris moi-même dans mon intégralité, avec une distance qui m’était inconnue jusqu’alors.
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