Fruit de ses entrailles

Extrait d'une lettre de Pinocchio, l'Autre

 C’est ainsi que, monsieur l’Écrivain, en votre ventre je devins le fruit indigeste de vos entrailles. Pas après pas, sans regrets, dans l'espoir de revoir le jour, sur trois pattes je me trainais. Combien de temps dura ce trop long trajet? Je ne le sais. Assez pourtant pour effacer le moindre de mes traits. Méconnaissable j’eus dû être et si la bête vous restait inconnue, la forme de mon nez et ma main pendant au bout de mon bras arraché me fit à vos yeux reconnaître. Aussitôt vous vous remîtes à la tâche. En quelques mots choisis les couleurs et l’habit me revinrent. Ce qui eût dû être à l’identique était là devant vos yeux... mais Pinocchio l’Ancien était mort au moment où je suis né. Votre livre et ce qu'il contient vous échappe... Celui que vous croyiez avoir sous la main...