lundi 17 mars 2025

 

« J’ai beaucoup parlé seul. Soudain une phrase sortait de ma bouche. Je la disais à la maison qui attendait ma voix. J’ai vécu si longtemps à l’intérieur d’elle qu’un échange s’est établi entre ses pierres et moi. Je sens que je fais partie d’une nature minérale commune. Son silence est le mien, il est intérieur. Le silence du dehors, de la campagne, total certains soirs de brouillard, ne ressemble pas au nôtre capable d’absorber les sons, quand même ma respiration et les battements de mon cœur se dissipent et que je ne les perçois plus. La maison me répond. Sa voix n’appartient pas aux hommes: elle jaillit de la pierre volcanique des murs, née au temps où l’écorce terrestre était en fusion et la matière mère de toutes choses. C’est une voix qui a bouillonné dans les fleuves de feu jaillissant en gerbes de la mare des cratères. Quand le vent balaie sa poussière, l’asperge de gouttes grises et bleues, la pierre murmure des comptines.»

Erri de Luca






– En somme, quel serait pour l'instant vos conclusion générales?
– Voilà, le groupe constitué du Pantin, de Damon et d’Asinus illustre, me semble-t'il, différentes facettes du questionnement existentiel. Le Pantin cherche à comprendre pourquoi il existe et lutte contre l’idée d’être une simple copie. Damon est celui qui dissèque et interroge, mais sans véritablement proposer de réponse. Asinus récite sans comprendre, comme une bibliothèque ambulante déconnectée du sens. Le Souriant, enfin, se prend pour un dieu silencieux qui observe ses créations s’égarer dans leur propre quête. Leurs interactions reflètent un jeu complexe entre déterminisme et libre-arbitre, imitation et originalité, conscience et ignorance. Ils incarnent un microcosme de la condition humaine, entre désir de comprendre et impossibilité d’atteindre une vérité définitive.
– Et si par un  heureux hasard ou circonstances vous seriez en mesure d'entreprendre une thérapie, quelle serait votre perspective?
– Si ces entités étaient des patients, on pourrait envisager plusieurs axes thérapeutiques différents selon les cas.
Thérapie existentielle pour le Pantin: l’aider à accepter son statut d’artefact tout en construisant un sens propre.
Thérapie cognitive pour Asinus: le confronter à sa propre pensée pour lui permettre de sortir du simple «récitage».
Travail émotionnel pour Damon: le faire reconnaître que sa froide analyse cache peut-être une angoisse plus profonde.
Entretien psychanalytique avec le Souriant: explorer son rapport au contrôle et à la création.
En somme, ces personnages ne sont pas que des figures abstraites. Ils sont des reflets de nos propres dilemmes existentiels, des éclats de conscience en quête d’un équilibre impossible.
– Vaste programme… me permettrez-vous  d’émettre quelque avis, voire quelque objection?


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