mercredi 19 mars 2025

 
"Les ânes sont aux citations
ce que les dieux sont aux oracles!"
 
Walid Neill
 



Lucien, interloqué.
Qu’ouïs-je ici? Ai-je bien entendu?

Est-ce l’écho d’un vent ingénu?

Ou ce baudet, par quelque étrange talent,

Se pique-t-il de parler comme un savant?

Walid, triomphant.
Ah ! Vous doutiez, cher maître en esprits,

Mais le voilà, notre âne érudit!

Bien que nous ne puissions le voir
L'entendre est un puissant savoir
Ses mots, bien qu’épars, résonnent avec force,

Et laissent dans l’air une vive entorse

À tout ce que dit votre analyse étroite.

Voyez donc, si ce n’est une bête télépathe,

Il serait un penseur dont la voix s’élève,

Un esprit qui cite et jamais n’achève.

Lucien, fronçant les sourcils.
Que diable! Serait-ce donc une vérité?

Un âne qui parle mais ne sait que réciter?

Mais ce charabia, dites-moi sans jargon,

L’avez-vous forgé en jouant du bâton?

Walid, souriant.
Non point, docteur, j’ai pour règle d’écouter,

De prendre en note et de m’étonner.

Asinus n’invente rien, il ressasse, il forge,

Il ne crée pas, mais de traces il regorge
Emprunts, bribes et vieux parchemins,

Sortent de lui comme d’un destin.

Lucien, murmurant.
Si ce que vous dites est vrai, quel prodige…

Ou bien quel mirage, quel étrange vertige…


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