“Je définirai donc le jeu par la manière dont, à la fois, il limite et est limité par le hors-jeu. Si l'on suit cette définition, il faut repérer des opérations d'opposition entre le jeu et le hors-jeu, tout en gardant à l'esprit que le jeu et le hors-jeu sont posés en même temps. Le hors-jeu ne précède pas le jeu, qui s'opposerait ensuite à lui, mais l'un et l'autre sont constitués ensemble. N'est compris ici comme «jeu» que ce qui est appelé «jeu» et socialement reconnu comme tel («Ce n'est qu'un jeu!»). À contrario, lorsqu'une personne s'exclame: «Ceci n'est pas un jeu!», elle veut signifier qu'il s'agit là d'actes qui ont des conséquences pour celui qui les accomplirait qu'ils n'auraient pas s'ils relevaient d'un jeu.”
Arnaud Esquerre, Le jeu et le hors-jeux
Walid, l'écrivain, avec un sourire amusé.
Dites-moi, cher docteur, sentez-vous cette étrange ivresse? Nous parlons à présent comme si quelque allégresse
Nous dictait nos propos d’un souffle singulier,
Et que notre raison s’y laissait oublier.
Ne trouvez-vous point cela un brin théâtral?
Est-ce l’air de l’archipel, ou bien un mal moral?
Lucien Joyeux, le psy, retenant un rictus, plissant les yeux.
Je l’ai perçu, monsieur, dès nos premiers échanges,
Ce rythme inhabituel, cette façon étrange
De dire en longs détours ce qu’un mot peut trancher,
Comme si l’île elle-même venait nous enrober.
Vous et moi, des esprits d’analyse et d’étude,
Serions-nous devenus d’inconscients amuseurs?
Walid, feignant la surprise.
Peut-être est-ce cela, ou bien tout autre chose…
Mais voyez comme l’air ici nous métamorphose.
Comme si, sans y songer, nous étions happés
Dans ce jeu qu’ignorants, nous pensions observer.
Lucien, le scrutant avec intensité.
Monsieur, je vous écoute, mais croyez-le bien,
Votre aisance soudaine, ce ton de comédien,
Ne me trouble qu’à peine… je vous analyse.
Votre souffle hésitant, ce regard qui se brise,
Vos phrases élégantes mais pleines de détours,
N’ont-elles pas un sens que j’ignore toujours?
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