vendredi 7 mars 2025

 

" Que tout déchirement refasse nœud aux lèvres qu'un mot avant de se dissiper figurera.»
 
A. du Boucher, langue déplacements jours, dans l'Incohérence
 
 
Damon
 – Qu’attendent-ils de nous?
 
Pantin
 – Ils ne le savent pas eux-mêmes. Certains cherchent une révélation, d’autres une échappatoire. D’autres encore voudraient nous voir échouer, s’effondrer, prouver que nous ne sommes qu’un mirage. Mais tous, d’une manière ou d’une autre, pressentent qu'au-delà des décors nous ne sommes pas simplement un jeu. Nous sommes ce qui interrompt, ce qui fissure, ce qui fait naître un espace où tout recommence. Pourtant, dans ce recommencement, il y a un déchirement, un nœud qui se forme et se défait sans cesse.
 
Damon
 – Un nœud?

Pantin
  Oui. Un nœud de regards, d’attentes, de désirs suspendus. Ils voudraient que nous leur figurions quelque chose d’intelligible, un sens qui ne se dissipe pas. Mais nous ne sommes pas une image fixe, nous ne sommes pas là pour incarner ce qu’ils veulent voir.

Damon
 – Mais pourquoi recommencer alors?
 
Pantin
 – Parce que c’est le seul geste libre. Recommencer, c’est refuser que le temps se referme sur lui-même, c’est insister pour qu’il se déploie en mille possibles. Mais dans ce geste même, il y a une tension : quelque chose se défait et se noue à nouveau, dans une oscillation infinie. Nous ne sommes ni des objets ni des marionnettes. Nous sommes le désir qui déborde, le souffle qui refuse de se figer, l’inachevé qui se dissipe et renaît dans le même mouvement.
 

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