« Nulle autre expérience ne saurait nous initier d'aussi près à cette intériorité réciproque de l'espace et de la statue qui fait d'elle le paradigme du Mal. Elle apparaît entre ciel et terre. En elle se noue « l'aventure silencieuse des entre-espaces» (Rilke), aventure d'un advenir.
L'étendue du ciel et celle de la terre s'éploient d'un seul et même espaces à même lequel chacune advient à soi, par change réciproque, en se mutant en l'autre.
Dans l'expérience quotidienne, déjà, ciel et terre se conjuguent de routes parts à l'horizon, où ils passent l'un dans l'autre selon deux mouvements contraires: de la terre au ciel, du ciel à la terre. Le regard oscille entre ces deux sens. Non sans malaise, car nous sommes engagés en tous les deux de toute notre verticalité, en appui sur la terre et tendus vers le ciel... et, dans ce partage, perdus. L'apparition de la statue-menhir met fin à cette oscillation. Elle émerge de la plaine sous l'horizon de son propre ici, dans l'espace du paysage. Il n'y a pas d'autres ici, pas même le nôtre. Tous nos rapports au monde passent par elle. C'est à partir d'elle que nous hantons l'espace et que nous sommes en vue de lui, voyant et vus, ouverts et exposés à tout l'apparaître. Mais, perdus en elle, nous nous y retrouvons comme le là de l'éclaircie universelle. Amer de l'espace, elle surgit de l'étendue terrestre, du sol sous nos pas, dans un appel au ciel, ouvert. Tout l'afflux de la terre depuis l'horizon est afférent à son émergence, laquelle, extatique, ouvre l'espace aérien de son déploiement. En même temps placée en abîme dans cet espace enveloppant, elle l'accueille en le recueillant dans l'intégration systolique de sa propre diastole. Cette tension fermante ne se bloque pas dans un arrêt-limite. Dans son retrait en soi, l'œuvre se retire, en prenant fond, vers la terre, dont l'étendue, efférente de sa base, s'étend jusqu'à l’horizon.»
L'étendue du ciel et celle de la terre s'éploient d'un seul et même espaces à même lequel chacune advient à soi, par change réciproque, en se mutant en l'autre.
Dans l'expérience quotidienne, déjà, ciel et terre se conjuguent de routes parts à l'horizon, où ils passent l'un dans l'autre selon deux mouvements contraires: de la terre au ciel, du ciel à la terre. Le regard oscille entre ces deux sens. Non sans malaise, car nous sommes engagés en tous les deux de toute notre verticalité, en appui sur la terre et tendus vers le ciel... et, dans ce partage, perdus. L'apparition de la statue-menhir met fin à cette oscillation. Elle émerge de la plaine sous l'horizon de son propre ici, dans l'espace du paysage. Il n'y a pas d'autres ici, pas même le nôtre. Tous nos rapports au monde passent par elle. C'est à partir d'elle que nous hantons l'espace et que nous sommes en vue de lui, voyant et vus, ouverts et exposés à tout l'apparaître. Mais, perdus en elle, nous nous y retrouvons comme le là de l'éclaircie universelle. Amer de l'espace, elle surgit de l'étendue terrestre, du sol sous nos pas, dans un appel au ciel, ouvert. Tout l'afflux de la terre depuis l'horizon est afférent à son émergence, laquelle, extatique, ouvre l'espace aérien de son déploiement. En même temps placée en abîme dans cet espace enveloppant, elle l'accueille en le recueillant dans l'intégration systolique de sa propre diastole. Cette tension fermante ne se bloque pas dans un arrêt-limite. Dans son retrait en soi, l'œuvre se retire, en prenant fond, vers la terre, dont l'étendue, efférente de sa base, s'étend jusqu'à l’horizon.»
Henri Maldiney, L'art, l'éclair de l'être, Espace et poésie, cerf
Pantin
– Devrions-nous prêter attention à ces visiteurs lointains?
Damon
–
Oui... et non. Nous devons continuer. Qu’ils viennent, qu’ils partent,
qu’ils reviennent… Nous sommes la tempête et la flamme, l’éphémère et
l’éternel. Nous sommes ce que le temps lui-même cherche à libérer. Ceux
qui restent finiront par comprendre. Les autres... c'est comme s'ils n'avaient jamais été là.
Pantin
– N'est-ce point un peu excessif?
Damon
– Tout au plus est-ce sans concession...
Pantin
– Mais n'est-il jamais arrivé que l'un d'eux débarque de son horizon, aussi lointain qu'il puisse être?
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