dimanche 25 février 2018

La simplexité


"À l'occasion d'un ouvrage au titre évocateur (La Simplexité, Odile Jacob, 2009), Alain Berthoz, professeur au Collège de France, spécialiste de la perception (physiologie), interroge la notion de complexité en constatant d’abord que parmi les centaines d'ouvrages et d'articles s'y rapportant «nulle part n'est mentionnée l'idée que la vie a trouvé des solutions pour simplifier la complexité».
L'éminent chercheur définit «la simplexité» comme l'ensemble des solutions trouvées par les organismes vivants pour que, malgré la complexité, le cerveau puisse préparer l'acte et en anticiper les conséquences [...]. Elles permettent d'arriver à des actions plus élégantes, plus rapides, plus efficaces. On devrait s'en douter, «simplifier dans un monde complexe n'est jamais simple» car, observe Alain Berthoz, «simplifier coûte». Dans le domaine du sport, la question du passage de la «complexité» à la «simplexité» s'impose tout particulièrement. Ça tombe bien, Alain Berthoz nous offre les cinq principes qui structurent les processus de «simplexification» en cette matière. Ces principes se touchent, s'unissent et se complètent.
Le principe d'inhibition
Pour un temps, même fugace, ne rien faire. C'est le principe roi. Celui qui les gouverne tous. Dans l'urgence, il faut effectivement beaucoup œuvrer pour «inhiber» les solutions de bas niveau. Issues de structures très primitives, elles mobilisent peu de neurones. D'où leur célérité. Comme le rappelait récemment Xavi Hernandez dans un entretien à Sport, Iniesta et Messi sont châtelains en leur domaine parce qu'ils maîtrisent l'espace-temps inhérent au jeu. Et cette maîtrise consiste d'abord à attendre. Cette attente active ouvre des chemins, provoque des attractions et des décalages, dessine des opportunités de passe. Les champions le disent: nous avons toujours beaucoup plus de temps que nous ne le croyons."



Pierre Escofet, sociologue du sport, le Temps







Aucun commentaire: