«On
ne voyage pas pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin
de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore,
vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend
avec un éclat de savon dans les bordels. On s'en va loin des alibis ou
des malédictions natales, et dans chaque ballot crasseux coltiné dans
des salles d'attente archibondées, sur de petits quais de gare
atterrants de chaleur et de misère, ce qu'on voit passer c'est son
propre cercueil. Sans ce détachement et cette transparence, comment
espérer faire voir ce qu'on a vu? Devenir reflet, écho, courant d'air,
invité muet au petit bout de la table avant de piper mot.»
Nicolas Bouvier, Le poisson-scorpion

Certains lecteurs se plaignent, ou du moins semblent contrariés par la nature évanescente de l'histoire. C'est oublier que derrière cette façade imaginaire se cache une réalité qui n'a rien à lui envier.
– Il se peut que cette maison vide aux regards borgnes puisse faire l'affaire... Je ne crois pas qu'il y ait ici de cameras valides et il se pourrait que je puisse y entendre quelques échos flottants entre les murs et les reflets élimés de ce qui fut un rêve, autrefois.
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