mercredi 21 février 2018

La mise en marche ou l'habitude


" Pas même le Rat, pensa ce matin-là le Rat en scrutant son visage bouffi de sommeil dans la glace au-dessus du lavabo, pas même le Rat ne peut savoir comment finira cette nouvelle histoire qu'il a pourtant –là-dessus, il n'y a aucun doute– lui-même mise en marche. Mais mettre en marche –façon de parler– est une chose, arriver sain et sauf là où l'on a décidé d'aller, sans se perdre ou s'écraser, en est une autre.
Sa pensée avançait à la troisième personne, comme s'il s'agissait de raisonner sur un étranger. Et cet étranger, qui n'était autre que lui, s'appelait le Rat. Depuis toujours, pratiquement.
Au départ, cela n'avait été qu'un sobriquet insignifiant, une goutte de fiel ingurgitée, parmi toutes celles qu'un enfant est obligé d'ingurgiter."

Le peuple de bois, Emanuele Trevi
Traduit de l'italien pat Marguerite Pozzoli, Acte Sud



– Comment finira cette histoire qui n'en finit pas de commencer?

– C'est avec des questions comme cela que l'histoire finit par se perdre...

– Votre ignorance ne serait-elle qu'un vilain défaut, un défaut de nature, en quelque sorte... ou...

– Ou...

– Ou bien une mauvaise habitude...

– Tout dépend de l'habitude... et plus précisément à qui appartient cette habitude...




Aucun commentaire: