« Qui est là? Ah très bien: faites entrer l'infini»
Louis Aragon, Une vague de rêve, 1924
Le perroquet, selon sa nature, agit en répétant inlassablement. On pourrait croire que ces répétitions sont toujours les mêmes, mais selon moi moi, je crois qu'il y a une évolution constante qui vise un but qui nous échappe tant que nous pensons qu'il parlent.
– Mais alors, s'ils ne parlent pas... que font-ils?
– Ils communiquent... L'important pour eux, n'est pas le poids des mots et ce qu'ils signifient...
– Alors quelle serait l'important pour eux?
– Ce que les mots provoquent chez celui à qui ils les adressent...
– Voilà qui n'est pas simple....
– C'est bien de cela qu'il est question... selon une habitude qu'ils ont acquises, il répètent plusieurs fois la même chose, en utilisant les mêmes mots, qui pour eux n'en sont pas...
– Ne sont pas quoi?
– Les mots ne sont pas des mots, ce ne sont que des sons qui agissent. Ils les empruntent à ceux qui les disent, aux hommes qu'ils fréquentent et qui sont leurs auteurs préférés. Mais, et c'est la toute la subtilité dont ils sont capables, en apportant à chaque fois de tous petits changements, presque imperceptibles qui ne sont pas toujours dû au manque de mémoire ou au manque de connaissance, mais à l'intention. Ainsi ils échappent à l'enchaînement des significations...
– Oulala, voilà quelque chose que je ne peux saisir!
– C'est bien de cela qu'il s'agit.
– Et de quoi s'agit-il?
– De ne pas vouloir saisir.
– Je vous l'avoue, je comprend de moins en moins...
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