jeudi 1 novembre 2018

(1) Sous le soleil


"En effet, le jeu est essentiellement une occupation séparée, soigneusement isolée du reste de l'existence, et accomplie en général dans des limites précises de temps et de lieu. Il y a un espace du jeu: suivant les cas, la marelle, l'échiquier, le damier, le stade, la piste, la lice, le ring, la scène, l'arène, etc. Rien de ce qui se passe à l'extérieur de la frontière idéale n'entre en ligne de compte. Sortir de l'enceinte par erreur, par accident ou par nécessité, envoyer la balle au-delà du terrain, tantôt disqualifie, tantôt entraîne une pénalité. Il faut reprendre le jeu à la frontière convenue.
De même pour le temps: la partie commence et prend fin au signal donné. Souvent sa durée est fixée d'avance. Il est déshonorant de l'abandonner ou de l'interrompre sans raison majeure, en criant «pouce», par exemple, pour les jeux d'enfants. S'il y a lieu, on la prolonge, après accord des adversaires ou décision d'un arbitre. Dans tous les cas, le domaine du jeu est ainsi un univers réservé, clos, protégé: un espace pur."


Roger Caillois, Les jeux et les hommes, nrf, Gallimard

 
 – Il me semble depuis un certain temps que parler n’est plus pour vous un but à atteindre.
– Que serait-ce alors?
– Une sorte d’état d’être qui n’a presque plus rien à voir avec une recherche.
– Qu’est-ce qui vous fait dire cela?
– Ce que je vois quand je vous observe...

J'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil; et voici...
– ?
– ... tout est vanité et poursuite du vent.
– D'où cela sort-il?
– De l’Ecclésiaste. 
– Qui est-ce?
– Je ne sais pas...



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