mardi 25 décembre 2018

(25) Vide


« Dans cet inconnu, il y avait toujours eu ce connu, dans cette nuit cette lumière, dans ce silence ce tumulte. Cela avait été, incessamment pareil à une île, mais on ne pouvait plus savoir où était la mer et où le rivage. Ce qui n’avait pas été fait, ce qui vivait et ce qui avait été défait étaient abominablement enlacés et n’étaient plus discernables. Mais la dureté, la présence des objets nus, des formes agglutinées ou pivotant sans frein dans l’espace, cela on pouvait le connaître ; même, on ne pouvait que le connaître. Il fallait ouvrir son corps tout entier au vide.»
J.M.G. Le Clezio, L’extase matérielle, folio 


Commentaire de l'enfant Lune
Extrait du petit carnet de poche Noir numéro II 

Lorsque je me réveillais, tout avait changé. Il me semblait que j'avais grandi et que le monde s'éloignait. Le vent des sommets fouettait mon visage. Tout en bas, l'eau, nimbée de lumière, dansait. Je mis longtemps à comprendre. Je ne discernais rien de ce nouveau monde instable. Un tourbillon de lumière dansante me donnait le mal de mer. Le peu que je pouvais reconnaitre était flou. Quand ma main faiblement se tendait, j'avais l'impression de toucher l'horizon. À peine je bougeais que ma tête se mettait à tourner. Tout prenait des proportions invraisemblables.

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