dimanche 30 décembre 2018

(30) Au-dehors


« Je pense que, tout d’abord, si nous parlons tellement d’autrui c’est parce que notre propre processus de pensée et d’action ne nous intéresse pas suffisamment. Nous voulons savoir ce que font les autres et, peut-être - pour m’exprimer charitablement - les imiter. En général, si nous potinons, c’est pour les condamner ; mais en élargissant ce fait charitablement, admettons que ce soit aussi pour les imiter. Pourquoi voulons-nous imiter ? C’est parce que sommes extraordinairement creux. Nos esprits sont si émoussés qu’ils sortent d’eux-mêmes pour aller chercher des excitations. En d’autres termes, la médisance est une sensation ; on y trouve toujours le désir d’exciter l’esprit et de le distraire. Si l’on examine profondément cette question on revient forcément à soi-même et l’on voit alors combien creux l’on est, pour aller ainsi chercher des excitations au-dehors en parlant d’autrui. Surprenez-vous en train de potiner la prochaine fois que cela vous arrivera, et ce fait vous apprendra énormément de choses sur votre compte. Ne le déguisez pas en disant que vous avez une curiosité d’esprit, et il vous révélera au contraire que vous n’avez pas un réel et profond intérêt pour les personnes, et que votre esprit agité n’est qu’à la recherche d’une excitation pour combler son vide intérieur.»

Krishnamurti, La première et dernière liberté


  

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