jeudi 3 janvier 2019

(3) Chemin à demi-mot


« ... comme si sous la surface plate, apparemment dormante, de l’eau, une force obscurément lumineuse rongeât subrepticement la grisaille du canal, et celle aussi des pierres disjointes, moussues, des quais, des façades aveugles, comme une falaise abrupte, ocre et bleutée, sur les eaux mortes –tout au moins au premier regard– trouée simplement par l’ouverture béante, dévorée de clarté, d’une arcade de pont sur un canal latéral, et par celles...»

Jorge Semprun, La deuxième mort de Ramón Mercader




Quatre-cents-quarante-et-unième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Noir


 Comment comprendre ce qui est là sous nos yeux mais que l’on ne peut comprendre et ressentir qu'à l’intérieur de soi-même?
L’enfant dévale le chemin à demi-mot. Le souffle est court et la gorge éraillée. Les mots, trop longtemps refoulés, refluaient maintenant. La bouche trop emplie peinait à se débarrasser de toutes ses scories. Mal prononcés les mots  passent à gué, emportés par le courant ils se transforment et disent le contraire... comme il leur chante. À la lisière de ces paroles étouffées, se font de plus en plus entendre de sombres grognements...
 

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