« Ici, ce n’est plus la puissance de voir qui est requise, il faut
renoncer au domaine du visible et de l’invisible, à ce qui se représente
fût-ce négativement. Entendre, seulement entendre.»
Samuel Beckett, Soubresauts, traduit de l’anglais par l’auteur, Minuit, 1989
Dans les tréfonds de l'oreille, attentifs au monde, cliquètent et se heurtent de petits os, mécanique subtile et puissante qui amplifie et donne sens à ce qui se donne à voir avant que, de guerre lasse ils ne se figent à nouveau, laissant la place à ces visions qui sans cesse les réveillent.
– C'est à se demander si l'on nous voit...
– Il faudrait pour cela que nous nous montrions et fassions de nombreux compromis. Il ne suffit point d'être là.
– Peu importe la flamme et ce qu'elle éclaire, c'est le feu et ce qu'il dévore qui compte...
– Il me semble que je suis une sorte de navire flottant sur des eaux quelquefois tumultueuses et sur lesquelles, en surfant habilement, réunissant les mots épars, vous peinez à donner un sens, lequel vous donnerait le droit d'en être le capitaine...
– Nous ne sommes visibles qu'en certaines occasion, comme si deux images troubles se superposant peuvent par hasard donner une image plus nette. Souterrainement agit ce qui ne prend forme que dans les mots lorsqu'ils sont prononcés, alors, émergeant et se tournant vers le dehors, ils s'envolent et disparaissent pour revenir sous une autre forme.
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