mercredi 9 octobre 2024

Parcelle


« Aucun roman n'a jamais montré le moindre chemin à suivre, mais absolument tous se résorbent dans l'inutile néant de la littérature. Le monde s'est rempli de millions de romans qui escamotent la seule raison d'être que l'écriture ait jamais eue: celle de te comprendre toi-même jusqu'au bout, jusque dans la seule chambre du labyrinthe de la pensée où tu n'as pas le droit de pénétrer.
Les seuls textes qui devraient jamais être lus sont les textes non artistiques et non littéraires, les textes âpres et impossibles à saisir, ceux que leurs auteurs ont eu la folie d'écrire, mais qui ont jailli de leur démence, de leur tristesse et de leur désespoir comme des sources d'eau vive.»
 
Mircea Cartarescu, Solénoïde, Points
 
 


Carnet de l’Enfant Lune
Quatrième page
 
Me tenir debout fut un long apprentissage. Dans la nuit qui était mienne la moindre parcelle de lumière, la moindre étincelle, hallucinante hallucination, agissait comme un déclencheur et dans les méandres obscurs allumaient une mèche invisible. Il suffisait que, presque par hasard, à force de tournoyer sans fin, mon regard se pose sur elle pour qu'elle grandisse. Mon regard, tel une loupe trop longtemps posée s’embrasait et je risquais l'aveuglement. Mes yeux se fermaient. Alors l'image, peu à peu, retrouvait une sorte de netteté. C'était comme si elle naissait de l'intérieur. Et puis tout recommençait… Je ne sais ni combien de temps cela dura ni comment cela s’était apaisé. Un jour je me suis retrouvé allongé, sans savoir où j’étais, me réveillant comme après plusieurs années de sommeil et, chose étrange, tout ce dont je me souvenais me semblait parfaitement faux… La réalité est le masque trompeur de l’illusion… Rien ne me paraissait vrai… surtout pas moi-même… 
L’origine d’un individu semble lié à l’à priori d’une estimation de la communauté comme étant plus civilisée et, surtout, raisonnable: on n’attendait donc de moi, créature primitive aucune créativité ni imagination individuelle.
 



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