« Je viens de les empiler, en un gros rouleau irrégulier sur le coin de la table où j'écris, et j'essaie de me mettre au travail. L'histoire de ma vie, telle que je voudrais la commencer aujourd’hui, est lˋ'histoire d'un anonyme.
C'est justement pourquoi elle doit être écrite, car si je ne l'écris pas, alors que je suis le seul pour qui elle signifie quelque chose, personne ne l'écrira. Je ne l'écris pas pour la lire, moi son seul lecteur, un de ces jours au coin du feu et passer ainsi quelques heures dans l'oubli de moi-même, mais je la lis en même temps que je l'écris pour tenter de la comprendre. Je serai l'unique écrivain-lecteur de cette histoire dont le sens, je l'écris pour la dixième fois, est non esthétique et non littéraire. Je n'ai d'autre prétention que d'être le scripteur-lecteur-viveur de ma vie.»
C'est justement pourquoi elle doit être écrite, car si je ne l'écris pas, alors que je suis le seul pour qui elle signifie quelque chose, personne ne l'écrira. Je ne l'écris pas pour la lire, moi son seul lecteur, un de ces jours au coin du feu et passer ainsi quelques heures dans l'oubli de moi-même, mais je la lis en même temps que je l'écris pour tenter de la comprendre. Je serai l'unique écrivain-lecteur de cette histoire dont le sens, je l'écris pour la dixième fois, est non esthétique et non littéraire. Je n'ai d'autre prétention que d'être le scripteur-lecteur-viveur de ma vie.»
Mircea Cartarescu, Solénoïde, Points
Bien longtemps après que ses lecteurs l’aient abandonné, Pinocchio l’Autre, se parle à lui-même.
– Savons-nous écouter ce qui grandit en nous-même et nous parle toujours...
Le ton interrogatif au départ se perd en conjecture au final... Pinocchio l'Autre pense du mieux qu'il peut...
– Pour le connaître un peu, je ne suis pas si sûr de vouloir franchir cette muraille... Pour peu que je sois en état de m'enrichir davantage, je m'avancerai aussitôt... Mais de prime abord, si j'en crois ce qu'il me dit et ce que j'entends, il ne me semble point que ce passage puisse être entièrement à mon avantage... Ce qui me passe à l'idée ressemble en tous points à ce que pourrait en penser mon maître...
Nous serions une sorte de possible…
– Et de quelle sorte pourrait-elle être si je puis demander?
– Peu importe la sorte... quelque soit ce possible, il en faudrait bien plus pour échapper à l’institutionnel… une sorte de territoire sauvage qui tout en y ressemblant permet d’accéder à cet outre monde dont on sait rien pour la bonne raison qu’il n’existe pas…
– Pas encore!
– Pas encore!
– Comment cela pas encore!? Auriez-vous par hasard quelque intention cachée? J’essaie laborieusement de vous comprendre… et j’espère en retour votre bienveillance… Ainsi j’en arrive à cette question: Est-ce notre maître qui vit dans cet outre-monde… ou est-ce nous qui y vivrions?
– Quelle importance cela pourrait il avoir?
– La différence serait énorme… Dans le premier cas, nous aurions la tâche et la difficulté d’y accéder, et dans l’autre, ce serait nous qui lui donnerions la possibilité d’échapper au sien?
– Pourquoi voudrait il échapper au sien?
– Je crois que vous mettez la plume là où il faut. Pour vous répondre il faut prendre en compte au moins deux hypothèses…
– Quelles qu'elles soient... n'oubliez pas qui nous sommes... et si je vous crois capable de les formuler... je ne suis point sûr que vous soyez suffisamment avisé...
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