D’ici

 « Fuis! Cours! Rappelle-toi que tu n'es pas d'ici ! » Je n'écris pourtant même pas pour que quelqu'un lise ça, mais pour tenter de comprendre ce qui m'arrive, dans quel labyrinthe je me trouve, à quel test je suis soumis et comment je dois répondre pour en réchapper vivant. En écrivant sur mon passé et sur mes anomalies et sur ma vie translucide à travers laquelle on voit une architecture pétrifiée, j'essaie de déchiffrer les règles du jeu dans lequel je me suis retrouvé, de distinguer les signes, de les mettre bout à bout et de voir vers quoi ils tendent, et de me diriger dans cette direction.»

Mircea Cartarescu, Solénoïde, Points, p. 333

 

Tout ce qui m’entourait, le monde tout entier était fait de signes inconnus qui m’invitaient au grand jeu. Pourtant, une toute petite voix me disait que c’était un gigantesque mensonge dont les ramifications se déroulaient à l’infini. Ce n’était pas seulement en mon nez que je me mis à grandir mais en toutes mes parties. Je grandissais presque sans limites… tellement que bientôt je pouvais prendre le monde entier entre mes mains et le jeter au cœur des étoiles avant de me réveiller vraiment… Quelle était donc cette quête qui me poussait ainsi au fond de l’abîme. Là où jouent sans sagesse les restes mnésiques d’étoiles calcinées? 

 

– Faudrait-il fuir… nous qui ne sommes point d’ici?

– Vous vous trompez, nous sommes d’ici…