À la porte...

Environ deux mois sont passés.
Revenons au début de cette histoire aujourd’hui encore un peu hésitante.

Auguste et Justin sont derrière le rideau rouge.

Auguste est impatient.

Il ne veut pas obéir aux règles que personnifie Justin...

qui s'applique du mieux qu'il peut,

mais n'arrive pas à les faire appliquer...

– Attendez ! Vous ne pouvez entrer comme cela...
Justin rattrape comme il peut Auguste qui se faufile comme une véritable anguille sous la porte basse.
C'est "in extremis" que Justin lui enfonce le chapeau de telle manière qu'il ne puisse rien voir...
Auguste, comme il me le dira plus tard, ressenti que c'était "un sacré moment" durant lequel il croyait bien que c'était le dernier.
– On eut dit que j'avais perdu la tête, tant et si bien qu'il me paraissait presque normal de ne rien voir du tout. D'autant plus que c'est à ce moment là que je ressentis une sorte de plaisir à"voir" d'une autre manière. Une sorte de relation s'était installée entre ce que j'entendais et l'image intérieure qui se formait. Pas un seul instant je n'eus la tentation de simplement enlever mon chapeau. Certes Justin l'avait enfoncé avec une force et une conviction que je ne lui avais pas prêté. Jamais je ne l'eus cru capable de cela, mais il me semble raisonnable de penser qu'il ne m'aurait pas fallu beaucoup de temps pour l'enlever. Si je l'ai pas fait, je me répète, c'est parce que le monde me paraissait tout-à-fait nouveau.Certes je reconnaissais un certain nombre de sensations, mais elles étaient accompagnées d'une multitude inconnue jusqu'alors. Et dans cette multitude prenait naissance un être nouveau avec qui je ne prenais contact qu'avec...