dimanche 4 janvier 2015

La joie est plus profonde que la tristesse *


"Et tous mes voyages et toutes mes ascensions:
qu’était-ce sinon un besoin et un expédient pour le malhabile?
– toute ma volonté n’a pas d’autre but que celui de prendre son vol, de voler dans le ciel !
"


– Cher Auguste,  à votre avis ou à celui de votre maître, la joie est-elle un choix de pensée?
– À ce que je puis savoir, qui dépend de ce qui me passe par la tête, en raison de certaines absurdités évidentes dues aux faits de nos conditions d'existence et d'appartenance, ce n'est qu'un état que l'on ressent et qui ne se répètent jamais.
– Comme un secret?
– Tout dépend.
– De quoi?
– Il existe une multitude presque infinie de secrets. Tout dépend donc de la sorte de secret qui elle-même dépend de l'ordre auquel il appartient... de ses conditions d'existence et d'appartenance... ainsi que d'une multitude de choses auxquelles nous n'avons pas accès.
– Très vaste est l'ordre des classifications issues des pensées des hommes, mais...
– Oui !?
– Mais, comment faire pour se retrouver dans cette vastitude?
– Il n'y a rien de plus simple.
– C'est-à-dire?
– C'est-à-dire qu'il faut prendre le problème à son autre bout.
– ...
– Il suffit d'y être à sa place et non de s'y chercher.



– Puis-je vous poser une question un peu indiscrète?
– Si vous me promettez le secret.
– Qu'est devenu votre maître après sa disparition?


– Bien des années plus tard, il a repris un théâtre. Une sorte de théâtre ambulant... qui semblait l'attendre. Du moins c'est ce qu'il m'a dit.

 * Ainsi parlait Zarathoustra
Nietzsche