mercredi 28 janvier 2015

Le pire des cauchemars

– Qui parle à travers moi... au-delà de ce qui se répète... 
 Ce qui s’est dit n’est pas ce qui s’y fit.


Qui veut se connaître s'oublie...

Au comble du solipsisme, perdu dans un autre temps, Auguste en a oublié les mouvements du monde qui, lui, ne l'a pas oublié. La réalité quotidiennement réajustée ne veut de l'oubli que pour ses propres méfaits, non ceux de ses sujets. La disparition de Justin et de Rosa, dûment constatée, ne peut rester non élucidée.
L'humilité ne sert qu'à servir.  Encore faut-il faire le choix : qui servir ?
– Asservir, tel est le pâle destin de l'uniforme réalité, pense pompeusement Auguste. Si le verbe est tout, comment pourrais-je le servir? Le pire des cauchemars n'est après tout que de l'image et celle qui vient à moi ne me dit rien...
– Bonjour!
Et il ajoute, après un silence quelque peu troublant:
– Auguste ? 
Les mots se perdent. Auguste semble ne rien entendre, mais de fait un combat intérieur fait rage. Auguste ne se reconnait plus dans le nom qui le poursuit. Il se souvient du temps qu'il le portait mais peine à le reprendre. La porte s'est presque fermée. Il est devenu un autre, mais pareil à lui-même dans un domaine ou presque rien devient très vite presque tout. Ainsi en est-il du visiteur.
– De presque rien dans le lointain, en s'approchant il devient presque tout. Que cache cet homme dans son dos? 

Ce qui derrière nous pousse en avant... Cette tiède maxime craint le moindre coup de vent. L'homme qui est là est bien amarré et n'est pas muet...
– Il doit bien rester chez vous quelques parts de mémoire et de convenance que vous pourriez me faire partager...

Aucun commentaire: