lundi 12 janvier 2015

Alors seulement l'on reconnait...


– Cher Justin, vous dormez ?
– Non, je réfléchis... vous vous en doutiez?
– Cher Justin, j'aimerai vous faire une confidence.
– Faites, cher Auguste.
- Je crois que je commence à douter...
– De quoi doutez-vous ?
– J'ose à peine le penser et encore moins le dire...
– Osez, osez, le temps y est favorable.
– Je doute de nos maîtres.
– Et pourquoi donc, je vous prie?
– J'ai en mémoire un certain nombre de gestes qui ne peuvent en aucun cas être considérés comme ayant été accomplis de manière symbolique. Il me semble que je puis dire presque sans détour, qu'ils étaient clairement la conséquence de passions non maîtrisées et pour certaines je dirais presque qu'il s'agissait de l’œuvre de fous...
– Vous n'y allez pas avec le dos de la cuillère!
– Pas plus que eux...
– Eh bien, justement... ne dites-vous pas cela avec le même emportement? La même passion.
– Il me semble que non. Je suis prêt à écouter votre interprétation.


"Alors seulement l'on reconnait sans doute possible que l’œuvre entière de Kafka est un catalogue de gestes  qui, pour l'auteur, ne possèdent pas d'emblée un sens symbolique déterminé, mais se trouvent constamment repris dans de nouveaux contextes, de nouveaux arrangements expérimentaux autour de tel sens."

Walter Benjamin
Œuvres II


– Voyez-vous, mon cher Auguste, il arrive que , sans que nous n'y prêtions attention, quelque chose, quelque événement agisse sur nous... et que cet événement nous fasse, pour temps, au moins, faire un pas en avant. Pour nous qui ne sommes que de vulgaires perroquets, ce n'est qu'un petit pas. Mais enfin, c'est toujours cela de pris.

– "... on ne doit pas s’arrêter au constat de la difficulté indiquée ; il convient au contraire de la dépasser. A défaut, la vie des hommes sur terre risque d’être fort embêtante, justement parce que l’aspiration au bonheur qui en est constitutive, du point de vue de l’expérience, ne relève pas de l’auto-détermination et n’est pas concernée par la réflexion."

Annette Disselkamp 
« Georg Simmel, une interprétation critique de la notion kantienne du bonheur »,

Aucun commentaire: