vendredi 16 janvier 2015

Quel plus grand danger que la peur...


– Bien que votre histoire fusse piquante, un peu, curieuse, un peu aussi, et instructive, peut-être...
je vous avoue qu'il m'arrive de n'y rien comprendre...



– ... mais.. on ne comprend jamais les autres,
sinon jamais nous ne nous sentirions seul...


– Autrefois peut-être... j'étais comme vous.


– Cette sorte de discussion m'eut parue curieuse et la difficulté de poser des bornes se serait impérativement imposée. Mais aujourd'hui...
– Comment avez-vous pu, si je puis me permettre, vous laisser séduire ainsi par ce que, hier encore, vous considériez avec un certain mépris? J'ose espérer que tout cela serve à votre étude et non de nourriture à ce que vous appelez la foi. Vous me faites trembler. Et puis pourquoi portez-vous ce masque lorsque vous êtes au sommet de votre poteau ?
– Voir la réalité en face et se défaire de l'illusion.
– Cela ne répond pas à ma question.
– Le masque nous fait prendre de la distance. Il permet à celui qui est en moi d'atteindre le sommet de son art sans que personne, à commencer par moi-même, ne puisse lire sur les traits de mon visage ce qui en moi refuse d'obéir et que je cherche à dépasser. Le danger ne vient pas de la hauteur mais de l'intérieur et ce n'est pas sur les doigts ou les lèvres que s'inscrivent ce que je cherche...
Ici, le doute disparait...
– Et la folie vous guette... sans raison.
– Quel plus grand danger que la peur dans laquelle on est enfermé ? Ici personne ne peut croire à l'importance que ceux que nous ne pouvons voir accordent à ce qui d'ici parait bien dérisoire...
– Vous manquez peut-être d'oxygène ou serait-ce cette douce extase qui entrouvre le théâtre de la folie.
– La folie partage avec la raison le fait qu'elles ne sont que des mesures bien floues... d'ailleurs, perroquet Auguste, il me semble bien étrange qu'un être comme toi qui vole à des hauteurs bien plus grandes puisse sur ce point me faire leçon !

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